Antiquité au 19è siècle
Durant l’Antiquité, les Assyriens utilisaient des dogues lors des combats. D’autres peuples les imitèrent : Les Celtes, les Cimbres (un peuple germanique), les Egyptiens, les Grecs, les Sumériens,… Les chiens étaient dressés pour le combat mais aussi pour achever les blessés après la bataille. Alexandre le Grand, roi de Macédoine, eut recours à des Dogues du Tibet, tant pour leur force que pour leur férocité. Les Romains, qui possédaient des formations d'attaque constituées entièrement de chiens, faisaient transporter des vases contenant du feu grégeois par des chiens. Le feu grégeois est une arme incendiaire qui fonctionne même en mer. On peut le considérer comme l'ancêtre du napalm moderne.
A cette époque, les chiens avaient plusieurs fonctions militaires : gardiens de camps, gardes du corps, et guerriers redoutables.
Les Huns d’Attila, élevaient d‘énormes chiens élevés en meute autour des camps. Ils étaient utilisés comme chiens de garde et comme chien de combat contre les troupes ennemies. Souvent les chiens destinés à la guerre étaient privés de nourriture plusieurs jours avant une bataille pour augmenter leur agressivité. Ceux-ci portaient parfois un collier muni de pointes de fer et une cuirasse sur laquelle étaient fixées des lames d’acier tranchantes pour éventrer les chevaux des cavaliers ennemis.
Les découvertes archéologiques ont permis de retrouver de nombreuses preuves attestant de l’existence des chiens de combat au sein des armées. En voici quelques unes :
Une scène de bataille contre les Nubiens est représentée sur la paroi d’un coffre de Toutankhamon (1352 – 1344 avant JC). On y voit des Egyptiens lâchant des chiens de grande taille qui sautent à la gorge les guerriers nubiens. Ces chiens correspondent, par leur morphologie, aux lévriers que nous connaissons actuellement. Mais ce sont principalement des Dogues qui furent utilisés durant la Haute Antiquité.
Des sculptures et des fresques assyriennes comportent des représentations de chiens de guerre. Sur un bas relief du palais d’Assourbanipal (dernier grand roi d'Assyrie : - 668 à – 630) daté du VIIe siècle avant JC on peut voir un dogue qui participe aux combats.
Lors de la bataille entre les Mèdes et les Lydiens, en 585 avant notre ère, des meutes de chiens étaient présentes dans les deux armées.
Le roi des Garamantes (ancien peuple saharien du VIIè siècle avant JC) eut recours à une armée de deux cents chiens pour récupérer son trône.
Hérodote (né vers484 av. JC, mort vers 420 av. JC) notera à propos de la civilisation babylonienne « Les rois de Babylone entretenaient une quantité de chiens de l’Inde telle que quatre bourgs étaient exempts d’autres impôts à la charge de pourvoir à la nourriture de ces chiens » (Hérodote livre I - victoire de Cyrus II sur le lydien Crésus, conquête de l'Assyrie et du peuple des Massagètes).
Même si, au Moyen Age, les chiens avaient comme principale fonction la chasse, on les retrouvait toujours sur les champs de bataille. A cette époque les chiens sont spécialement éduqués pour combattre la cavalerie. Comme dans l’Antiquité, ils étaient équipés de colliers à pointes de fer et vêtus de cuirasses sur laquelle des lames d’acier étaient fixées.
Au cours de l’invasion normande en Irlande qui commença en mai 1169, les Irlandais utilisèrent des lévriers irlandais pour désarçonner les cavaliers ennemis.
Les Anglais utilisèrent de puissants molosses lorsqu’ils attaquèrent la France. Lors de la bataille d’Azincourt (1415), une chienne anglaise défendit le corps sans vie de son maître jusqu’à ce que les soldats anglais la récupèrent. En 1567, lors de l’expédition contre l’Irlande, l’armée anglaise d’Elisabeth Ier comptait plus de 600 chiens de guerre.
Des chiens entrainés à tuer accompagnaient les conquistadors aux XV, XVI et XVII siècles lors de la conquête de l’Amérique. Les "perros de sangre"(chiens de sang) étaient des croisements de dogues et de mâtins. Becerillo, l’un d’entre eux qui était d’une rare férocité, recevait la paie de deux soldats.
L’Autriche, en 1665, innove en créant une école cynotechnique militaire.
A partir du XVIIème siècle, avec l’apparition des armes à feu, la plupart des armées disposait d’unités de tireurs. Les corps à corps lors des batailles étaient moins fréquents. Ils entrainèrent une diminution des unités canines. Les chiens étaient utilisés pour la chasse et les chiens dits d’agrément commençaient à apparaître plus fréquemment.
Sous Philippe V d’Espagne, les chiens servaient d’éclaireurs.
Lors de la bataille de Fontenoy, en 1745, les dogues des troupes anglaises mirent en difficulté l’armée française en mettant à mal ses premières lignes. Georges II, roi d’Angleterre attribuera une pension à vie à Mustapha, l’un des chiens, pour ses faits de guerre.
Le roi de Prusse, Frédéric le Grand, eut recours à des chiens pour transporter du courrier durant la guerre de Sept Ans (1756-1763).
A l’époque des campagnes napoléoniennes, Moustache, un barbet appartenant au régiment des grenadiers, fut plusieurs fois récompensé :
Il fut cité à l’ordre du jour pour avoir donné l’alerte quand les Autrichiens tentèrent d’attaquer par surprise le camp français.
Il reçut également une médaille pour avoir sauvé son maître attaqué par deux énormes chiens pendant la bataille de Marengo.
Il fut décoré par le maréchal Lannes pour avoir rapporté, après le décès du porte drapeau, des bouts de l’étendard dans les lignes françaises au cours de la bataille d’Austerlitz. D’un côté de la médaille se trouvait l’inscription « Moustache, un chien français, un combattant brave méritant le respect » ; sur l’autre était gravé « Lors de la bataille d’Austerlitz, il cassa sa patte en sauvant le drapeau du régiment ».
On trouvait de nombreuses mascottes au sein des troupes napoléoniennes.
En 1855, pendant la guerre de Crimée, les Britanniques utilisaient des chiens dressés pour sauter à la gorge des soldats russes.
Lors de l’engagement de la France au Mexique (de 1861 à 1867 - officiellement pour protéger les intérêts économiques français dans ce pays), Napoléon III fit envoyer des troupes accompagnées de Dogues de Bordeaux qui furent qualifiés de « mangeurs d’hommes ».